J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce témoignage de Caroline Cossey sur son outing dans les années 80 et l’engagement de Hugh Hefner (le boss de Playboy) pour la soutenir : lire le témoignage sur le Huffington Post.

A travers ce récit, on retrouve le paradoxe de nombreuses situations : soit faire disparaître son passé afin d’être pleinement soi-même ; soit participer à l’émergence d’une réalité trans en assumant son histoire face aux autres. J’ai souvent en tête cette double-question : dois-je succomber à la tentation de supprimer toutes références à mon passé ? Comment m’armer d’un courage suffisant pour afficher, toute ma vie, une réalité complexe et un passé douloureux ? En d’autres termes plus provocateurs, suis-je totalement femme ou suis-je aussi une personne trans ?

Bien sûr que je suis femme ! C’était tellement pressant qu’il m’a fallu soulever des montagnes avec ce seul espoir de vivre en paix avec moi-même. Seulement mon histoire révèle aussi un fait incontournable : je suis une personne trans. Partant de ce constat, j’ai donc choisi d’assumer mon ressenti profond comme mon histoire. Je suis pleinement une femme mais aussi, je n’ai pas honte d’assumer un parcours hors-norme. Je m’accomplis dans ma réalité intime, mais aussi je  participe à l’émergence d’une conscience trans.

Cela me semble la seule route possible pour au moins deux raisons : comment améliorer l’acceptation sociale des personnes trans si chacun-e disparaît dès que possible ? comment se soutenir mutuellement si nous disparaissons au fur-et-à-mesure ? Il faut s’épauler individuellement et collectivement.

Enfin et surtout, je crois qu’il faut accepter une réalité mouvante qui interdit une définition trop précise des personnes trans et bouleverse nos modes de pensées : il y a des transitions définitives mais aussi des transitions épisodiques, des explorations autour des codes du genre, des compréhensions différentes … Quelque part, les personnes trans partent à l’Aventure et construisent leur part d’Histoire.

Minorité silencieuse et malmenée, la transidentité doit sortir de l’ombre pour être mieux comprise et acceptée.

Caroline Cossey fait partie des pionnières. Une femme qui voulait vivre tranquillement et qui, sous la pression, a eu le courage d’affirmer son histoire.


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